Microsoft Windows est le tout premier essai de Microsoft dans le monde des systèmes d’exploitation à interfaces graphique. Il inaugure une longue série qui, encore aujourd’hui est totalement associée au monde de l’ordinateur personnel. Sortie le 20 novembre 1985, Windows 1.0 apporte une interface graphique en complément de MS-DOS, l’autre système d’exploitation de Microsoft, doté lui d’une interface en ligne de commande.
Néanmoins, une distribution limitée au début aux Etats-Unis, un marché à l’époque très concurrentiel au niveau des systèmes d’exploitations avec interface, des performances médiocres et des sérieux problèmes de mémoires ont fait de ce premier essai un échec, tout relatif, pour Microsoft.
Sommaire
Avant Windows
Avant le lancement de Windows, Microsoft était déjà présent sur les ordinateurs de l’époque depuis août 1981 avec MS-DOS. Ce système d’exploitation est mono-tâche et ne possède pour interface qu’une invite de commande (en noir sur blanc). MS-DOS a été développé à l’origine par Seattle Computer Products sous le nom de QDOS, avant que la compagnie soit rachetée par Microsoft. Suite à cela, et pour répondre à une demande d’IBM, Microsoft améliore QDOS pour ce qui deviendra ensuite MS-DOS.
MS-DOS et son invite de commande. |
Un mois après la sortie de MS-DOS 1.0, Microsoft annonce avoir initié un nouveau projet nommé Interface Manager. Sans plus de détails à l’époque, ce qui laisse sceptique beaucoup de spécialistes du monde informatique, d’autant qu’aucun détail ne sera donné pendant 2 ans. Néanmoins, Microsoft présente en novembre 1983, son projet renommé Windows. Le système est annoncé avec un bloc-notes, un calendrier, une horloge, un terminal, un gestionnaire de fichier, un jeu : le Reversi, un traitement de texte Write (l’ancêtre de Wordpad) et Paint.
"It’s going to open your eyes.” : une réclame pour Windows 1 extrait d’un magazine. |
A cette époque, de nombreuses autres interfaces graphiques existaient déjà. Capables de se lancer à partir de MS-DOS, il y avait GEM (de Digital Research Inc) et Visi On (de Visicorp’s). Mais toutes deux étaient très proches d’une autre alternative, MacOs, le système d’exploitation des ordinateurs Apple Macintosh et Apple Lisa. Cette interface est la plus aboutit et la plus populaire de l’époque. Elle possède déjà les bases des plus récentes versions de MacOs, à savoir un bureau virtuel (avec des icônes dessus), des fenêtres mouvantes, la corbeille et déjà le Finder (la barre en haut).
GEM : Une autre interface pouvant se lancer à partir de MS-DOS |
Visi On |
L’Apple Lisa et MacOS |
Comme GEM et Visi, Windows 1 lors de sa présentation de 1983 ressemble beaucoup à l’interface des Macintosh : de fenêtres qui se chevauchent, un curseur noir et même une barre rappelant le Finder. Pour des raisons évidentes de brevet, Microsoft a dû revoir beaucoup de ses fonctionnalités. Ainsi, la transformation entre Windows 1 de 1983, une autre préversion de 1984 et la version finale de 1985 montre une évolution de l’interface assez importante (avec la suppression de fonctionnalités).
Première version de Windows
L’interface du premier Windows
Windows 1 avait comme objectif de fonctionner sur un grand nombre de machines de l’époque. Pour cela, la configuration nécessaire était très faible ; à ce point même que Windows 1 pouvait se passer de disque dur. Pour se faire une idée, un exemple d’ordinateur de l’époque (de 1983), l’IBMPX/XT model 5160 offrait un processeur (mono-coeur ndlr) cadencé à 4,77 MHz et une mémoire RAM de 128 kb à 640 kb et un disque dur de 10 Mo. Bien sur le lecteur de disquette est de série, mais ce sont des disquettes de 5,25 pouces.
Le progrès en 41 ans est bien évidement énorme.
Un authentique IBM PX/XT Model 5160 |
Windows 1.01 nécessite MS-DOS 2 pour se lancer, 256 kb de mémoire, un adaptateur graphique compatible CGA/HGA/EGA et un lecteur de disquette double face et/ou d’un disque dur.
Même 39 ans après, la configuration de Windows 1 peut encore être trouvée sur le site de Microsoft en se rendant à cette page : http://support.microsoft.com/kb/32905.
Capture d’écran de la page web des configurations requises pour Windows 1x, 2x et 3x sur le site de Microsoft. |
Le système se lance à partir de l’invite de commande de MS-DOS. En configurant le fichier - autoexec.bat- il est possible de faire démarrer Windows 1.0 directement, du moins en apparence, ce dernier fichier s’occupant de lancer la commande démarrant Windows automatiquement. Au lancement, l’écran de boot s’affiche : le logo Microsoft de l’époque prend la plus grande partie de l’écran, en blanc sur bleu. Un type d’écran de démarrage qui sera retrouvé jusqu’à Windows 3.0.
Ecran de démarrage de Windows 1.0. L’aspect blanc sur bleu de cet écran sera retrouvé jusqu’à Windows 3.0 |
Au démarrage, Windows 1.0 se lance sur "MS-DOS Executive", l’ancêtre de l’explorateur de fichiers actuel, avec uniquement la liste des fichiers d’un dossier, sans arborescence latérale. Le changement de lecteur se fait à partir d’une barre d’outils. Des menus sont également présents. Quitter cette applications permet de quitter Windows.
MS-DOS Executive |
L’interface se décompose ainsi : chaque application est contenue dans une fenêtre, avec dans sa partie supérieure, le titre, contenu dans la barre de titre. Cette barre possède un bouton à chaque extrémité :
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A gauche le bouton permet d’afficher un menu de contrôle de la fenêtre contenant les fonctions de déplacement de la fenêtre, de redimensionnement de la fenêtre, de réduction en icone, de zoom (pour agrandir la fenêtre en plein écran), et de fermeture. Une option "About" est également disponible.
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A droite, le bouton permet de redimensionner la fenêtre à partir de l’angle supérieur gauche. Un double-clic permettait d’agrandir la fenêtre en plein écran.
Certaines applications ont également un bouton en bas à droite de leurs fenêtre. Ce dernier permet de redimensionner la fenêtre par l’angle inférieur gauche.
Vient ensuite la barre des menus dans la plupart des applications.
Les applications ne peuvent pas être superposées les unes sur les autres (suite à un accord avec Apple, pour éviter que cela ne ressemble trop à MacOs mais également et surtout pour une protection de brevets). Dans la partie inférieur de l’écran se trouve une zone dédiée aux applications réduites, qui rappelle la barre des tâches des Windows à partir de Windows 95 (d’ailleurs, la barre des tâches de Windows 8 sur son mode bureau est celle qui se rapproche le plus de la barre des tâches de Windows 1, excepté la présence d’icônes de services à droite et l’horloge). En double-cliquant sur une icône, l’application correspondante est restaurée. Aucune application ne peut recouvrir cette barre, sauf si elle s’affiche en plein écran.
Les applications Windows
Windows 1.0 est fourni avec des applications axées bureautique. Le choix est évident : Windows est et doit être un outils de travail et donc de productivité. Mais Windows doit aussi être un outils clef en main pour une utilisation (la plus) rapide de l’ordinateur. Voilà pourquoi Microsoft fournit un traitement de texte : Write, un outils de dessins et de schémas : Paint, un bloc-notes, et d’autres programmes comme un carnet d’adresse (Cardfile), un outils Terminal (à utiliser avec un modem) et bien sur une calculatrice.
Ces applications peuvent communiquer entre-elles avec le presse-papier (Clipboard) et la fonction de copier/couper/coller.
Et puisqu’il faut bien se reposer un peu, un jeu est même fourni : le Reversi (une version d’Othello).
Les applications Windows utilisant l’espace de travail. |
Bien que Windows se lance à partir de MS-DOS, un effort semble avoir été fait pour éviter de quitter Windows. Ainsi, l’invite de commande peut être lancer directement à partir de Windows. Plus intéressant encore, plusieurs instances peuvent-être lancées simultanément, ajoutant une touche de multitâches à MS-DOS.
L’invite de commande MS-DOS, sous Windows ! |
Bien sur Windows peut lancer des applications tierces provenant d’autres éditeurs. C’est le cas par exemple de Lotus 1-2-3, le tableur de Lotus Software (de nos jours filiale d’IBM).
Les outils systèmes
Windows permet de personnaliser son environnement. La panneau de configuration permet de changer les couleurs de l’interface, mais également de faire l’installation de Windows, comme par exemple lors de l’ajout de nouvelles imprimantes, ou pour ajouter une fonctionnalités Windows.
Le panneau de configuration de Windows 1.0 |
Parmi les autres outils se trouve le spooler d’imprimante permettant de gérer la fil d’attente de l’imprimante (ce dernier existe toujours de nos jours). Autre outils : PIF editor, permettait de contrôler les paramètres des applications. Un peu comme le menu propriétés d’un raccourcis de nos jours. Enfin, RAMDrive était un outil permettant de tirer profit de l’ajout d’extension de mémoire RAM.
Les versions de Windows 1.0
La version 1.01 est la première version à sortir, le 20 novembre 1985. Elle fut distribuée uniquement aux Etats-Unis.
La version 1.02 est sortie en mai 1986. C'est la version internationale de Windows 1.
La version 1.03 est sortie en aout 1986, uniquement aux Etats-Unis. Elle apporte les pilotes pour claviers européens, de nouveaux formats d'écrans et des nouvelles imprimantes.
La version 1.04 est sortie en avril 1987. Elle apporte le support des ordinateurs IBM PS/2, sans toutefois gérer les souris du cet ordinateur, ni ses graphiques VGA.
Windows 1.0, ses forces et ses faiblesses
La force de Windows
La principale force de Windows 1 comparé aux autres interfaces graphiques est de proposer une système d’exploitation qui peut être lancé sur un grand nombre de machines. En effet, là où MacOS ne peut se lancer que sur un Macintosh, Windows 1.0 est indépendant de la machine (il faut tout de même avoir le minimum requis). C’est la principale force de Windows 1. Cela est permis par l'implémentation des pilotes de périphériques ("device drivers") permettant de faire le lien entre le système d'exploitation et le périphériques rendant potentiellement possible l'implémentation de Windows sur des ordinateurs avec des configurations différentes, si tant est que le constructeur fournisse le pilote du périphérique.
Même si Windows 1 se comporte comme une application MS-DOS (Windows 1 se lance à partir de l'invite de commande de MS-DOS), il peut utiliser les commandes DOS au sein de son système. C'est d'ailleurs le cas pour "MS-DOS executive" qui gère les fichiers dans Windows 1. Windows peut donc lancer les applications DOS, aux formats *.exe et *.com. Mais Windows implémente son propre système d'exécutable, toujours au format *.exe (encore utilisé aujourd'hui), avec une interface graphique pouvant emprunter des éléments de l'interface Windows. Ces applications peuvent également demander davantage de mémoire RAM que physiquement disponible, grâce à la fonction de mémoire virtuelle (avec le défaut de ralentir le traitement, puisque la mémoire RAM est bien plus rapide qu'une mémoire morte comme un disque dur). Une application Windows ne peut pas se lancer à partir de MS-DOS, ce qui fait de Windows 1 un système d'exploitation à part entière. Ces nouveaux exécutables peuvent utiliser la gestion des drivers de Windows 1, et ainsi utiliser la carte graphique, la souris, le clavier, l'imprimantes... Ce qui n'est pas possible directement sous MS-DOS.
Un accueil mitigé pour Windows 1.0
Microsoft sort Windows 1 le 20 novembre 1985 au prix de 99$. Un prix important tout de même d'autant que le système a tout de même une sérieuse lacune : il est lent. La magazine mensuel Popular Science "aime l'idée", mais la lenteur est un sérieux handicap. Il note qu'il faut 15 secondes pour passer d'un programme à l'autre. Le multitâche est également très gourmand, et même avec 640kb (un luxe à l'époque), seulement 2 applications peuvent tourner correctement. D'autres grands journaux et magazines noteront les mêmes soucis de lenteurs, alors que Microsoft promettait une compatibilité sur de nombreux système de l'époque, or il était clairement pas possible de tourner correctement sur un ordinateur milieu de gamme de l'époque (IBM 8088).
Conclusion
Windows 1.0 avait pour ambition de pouvoir tourner sur des machines aux caractéristiques et composants différents, afin de ne pas se limiter a un seul type de machine. Cette ambition fut en partie réussie, mais l’optimisation n’a pas forcément suivie, et Windows 1.0 souffre de nombreux ralentissement et de petits bugs qui au final sont assez gênant pour une utilisation professionnelle. Ainsi, malgré ces nouveautés, Windows 1 n'offrait pas une alternative satisfaisante à MS-DOS, mais posait les bases futures d’une réussite fulgurante s’affranchissant de la machine, à l’inverse de la plate-forme concurrente : Macintosh.
Sources
Windows 1.0 sur Wikipédia : http://en.wikipedia.org/wiki/Windows_1.0
Windows 1.01 sur Toastytech : http://toastytech.com/guis/win101.html
Windows News release, document de l’époque sur la sortie de Windows 1.0 : http://docs.com/8NAK.
Revisiting Windows 1.0: how Microsoft’s first desktop gracefully failed : http://www.theverge.com/2012/11/20/3671922/windows-1-0-microsoft-history-desktop-gracefully-failed
La technologie s’évolue avec le temps. Le système d’exploitation Windows a évolué de grand pas face à MAC. Je me souviens à l’époque qui date de 1986, j’ai travaillé sur un poste qui est dépendant du clavier pour pouvoir ouvrir un fichier. Quelque temps après, vient la souris de Microsoft alors il suffit de cliquer sur les barres pour avoir accès aux donnés : il s’agit d’une grande différence. J’espère que d’ici quelques années, Microsoft découvre plus de concept pour la génération future.